Le bleu de la mer

 » A l’image de la mer nous associons volontiers le bleu, le bleu à l’infini, et pourtant l’eau de la mer prélevée au large dans une bouteille se révèle au regard banalement incolore. Par quel miracle se produit donc ce bleu ? Tout d’abord, entendons-nous bien ce n’est pas une illusion. Si la mer nous apparaît bleue c’est qu’elle l’est à ce moment précis, et de là, nous la contemplons, bleue pour notre œil. Disons aussi que nous parlons ici de la couleur de l’eau en soi et que nous n’abordons pas les effets de miroir. Qu’ils s’agissent du reflet du ciel, des nuages, des bateaux, des phares ou de la pleine lune… En fait, la couleur de l’eau dépend de trois facteurs : l’intensité avec laquelle elle réfléchit la lumière (son albédo), la façon dont elle diffuse la lumière en son sein et la réflexion de la lumière sur le fond. On ajoutera encore la qualité de la lumière qui parvient à fa surface. Par un beau jour d’été, avec un ciel sans nuage, un maximum de lumière du soleil lui parviendra.

La lumière du soleil comprend  toutes les couleurs ainsi que nous le montre sa décomposition dans l’arc-en-ciel. Soumis au rayonnement de la lumière, les molécules de l’eau de mer (deux atomes d’hydrogène liés à un atome d’oxygène) absorbent cette énergie rayonnée qu’elles transforment en chaleur. Toutes les longueurs d’onde sont absorbées mais en proportions diverses avec un maximum dans le rouge a un minimum pour le bleu. Non absorbé, le bleu est diffusé par l’ensemble des.molécules d’eau, de la même manière que le ciel nous apparaîtrait bleu parce que les molécules qui composait l’air (azote, oxygène…) diffusent en majorité le bleu et laissent passer le rouge. Quand une couverture nuageuse voile le ciel, l’intensité de la lumière est fortement diminuée. La diffusion du bleu par l’eau de mer est alors fortement atténuée et elle apparaît uniformément grise comme le ciel ou encore gris vert. C’est la couleur adoptée pour les navires militaires ! Quand les rayons du soleil éclairent la surface de la mer, ils sont soit réfléchis, soit réfractés. Plus le soleil est bas sur l’horizon, plus la part réfléchie est importante, c’est à ce moment que les vagues miroitent. Quand le soleil est haut, la plus grande part est réfractée, et la mer apparaît d’un bleu profond. En Manche, la lumière est généralement absorbée dans les vingt premiers mètres de la colonne d’eau .Quand l’eau de mer est chargée de particules en suspension, celles-ci diffusent la lumière pour leur propre compte : le vert en majorité, s’il s’agit d’algues microscopiques, le jaune ou le brun s’il s’agit de particules limoneuses au voisinage de l’embouchure d’un fleuve. Enfin, le dernier élément qui intervient est la réflexion de la lumière par le fond lorsque la lumière y parvient. Ainsi un fond sableux de couleur claire réfléchira le jaune de façon prépondérante, du mélange du bleu et du jaune il résultera une couleur verte. S’il s’agit d’un fond de roche de couleur sombre, le bleu se teintera de brun. Dernier point : dans notre subtile langue bretonne, la mer est glaz, autant dire ou bleue ou verte avec toutes les nuances intermédiaires. Il est vrai qu’elle change ici d’heure en heure et de lieu en lieu. Et pourtant les anciens reconnaissaient leur route à la couleur et aux bruits de la mer… »